Bandeau de fond
Gerbépal
Carte > Lorraine > Vosges > Gerbépal > la Croix de Bémont
augmenter la police police par défaut diminuer la police

la Croix de Bémont

» On devrait dire, d’après le cadastre : la tête de Bémont.  Le mot : tête, dans la montagne vosgienne, signifie « sommet’ » or sur ce sommet de Belmont, (en patois Bémont),  la piété des habitants a élevé de bonne heure une croix semblable à celles que l’on rencontre encore fréquemment à la croisée des chemins.

Au pieds de cette croix, un petit groupe de maisons, « le dessous du Village’ », comme on disait : deux moulins et une ferme exploitée par la famille Guery, implantée à Gerbépal depuis de longues années.  (La maison de Madame Georges Choffel remplace la ferme en question et les moulins se trouvaient, l’un à l’emplacement de la maison de Mr Ouin, et l’autre en face de chez Mr Hestin de l’autre côté du Neuné.

Les Guery avaient plusieurs filles. L’aînée qui se maria fut la mère de l’Abbé Vincent, mort curé de Girmont en 1942. Quant à Rosine, la seconde, elle refusa tous les partis qui se présentèrent et, vivant de peu, consacra son temps aux travaux des champs aux côtés de ses parents et de sa soeur.  Ses heures de loisirs, elle les réservait aux malades et aux affligés.

Sous des dehors fragiles c’était une  maîtresse femme. Très pieuse et quelque peu infirmière, elle s’en allait par les chemins de montagne, chaussée de gros souliers, apportant à ceux qui souffraient le réconfort de sa présence et souvent une  « gâterie » un fruit ou une tasse de confiture dissimulée dans la grande poche de sa jupe. Une âme était-elle en péril? elle y courait. Femme de bon conseil, elle ne craignait pas de donner son avis. Douce et rude à la fois, on la tenait en grande estime et on aimait son visage austère.

Récitant son rosaire, filant sa quenouille ou penchée sur son champ, Rosine caressait un rêve ! Cette tête de Bémont qui surplombait la ferme familiale, n’était-ce pas un haut lieu privilégié pour l’édification d’un oratoire ?  Elle le dédierait à la Sainte Vierge et à Saint Marc. On y viendrait en procession et le prêtre bénirait les récoltes à la ronde….

Des années passèrent et, le ciel aidant, la construction de la chapelle commença. Ce fut pour beaucoup de gens l’occasion de manifester à la fondatrice leur reconnaissance en aidant à l’embellissement du petit sanctuaire. L’autel , les peintures murales furent l’œuvre de Joseph Claudon, famille du Plafond, aujourd’hui disparue. La croix qui surplombe la chapelle fut forgée par Léon, le maréchal ferrant du village (Léon Renard, qui habitait où a habité Paul Jacquel et actuellement Victor Fini).

Les statues furent gracieusement offertes. Rosine rayonnait de joie et projetait déjà une belle fête d’inauguration quand une congestion l’emporta au printemps 1889. Aujourd’hui c’est l’arrière petit neveu de Rosine, le Docteur Vincent qui a pris en charge le petit sanctuaire. On y célèbre la messe une fois par an, à l’époque des vacances.

Texte extrait de « Gerbépal mon village » Pierre Delagoutte dépôt légal n°123- 4è trimestre 1987